Dialogues pour violon et orgue (op. 63, 1977)
écrit pour Boris Goldstein
I. Fantaisie, II. Aria, III. Finale
Violine, Orgel
Durée: 17 minutes
Boris Goldstein | Manfred Brandstetter
A Partition /B Partie de violon : Titre : Dialogues pour violon et orgue (1977) op. 63 / Dialoge für Violine und Orgel op. 63 - Volume : I. und III. Satz 44 Seiten / 14 Seiten - Datation : I. 2.1.77 / II. - III. 16.1.77 Würzburg - Lieu de conservation :
Schott Music ED 20282 / ISMN : 979-0-001-14977-8
Première édition : J. Schuberth & Co., Eisenach 1995
On y entendait de la vraie littérature, pas une solution embarrassée, écrite par hasard pour cet instrument, ni un travail transposable à n'importe quel autre instrument. Hummel a écrit cette composition au"cœur du violon". La forme, la cohérence et la clarté des pensées, pleines d'imagination et d'esprit, déploient une force d'expression et une richesse d'idées musicales qui assurent à ce jeune opus une place de choix dans la littérature correspondante, peu considérée.
On a trop l'habitude, à notre époque, de juger un compositeur à l'aune de ce qu'il a inventé de "nouveau". Les nouveaux effets sont perçus comme une sensation, et pourtant ils sont insignifiants tant qu'ils ne reposent pas sur une nécessité intérieure. En ce sens, on ne peut certainement pas classer Hummel parmi les avant-gardistes. Mais le contraire serait tout aussi faux, à savoir vouloir le classer parmi les traditionalistes. Hummel maîtrise toutes les techniques de composition les plus récentes et les utilise à bon escient dans ses œuvres. C'est pourquoi ses œuvres se prêtent particulièrement bien à l'expérience spontanée de la nouvelle musique. Hummel a écrit ses Dialogues pour le violoniste Boris Goldstein. Goldstein avait souhaité que le deuxième mouvement soit dans l'esprit de Bach. Le compositeur s'est donc inspiré des modèles de Bach, sans pour autant renier son propre langage. Ce mouvement est ainsi devenu un exemple impressionnant de la manière dont les formes anciennes peuvent être remplies d'un esprit nouveau. Le final est placé sous le signe d'une virtuosité à couper le souffle. Hummel y applique de nouvelles techniques de jeu, comme les clusters, de manière si logique et cohérente qu'elles s'intègrent tout à fait sans contrainte dans la structure stylistique. Le premier mouvement vit de l'interaction entre le violon et l'orgue et a sans doute surtout contribué à donner son nom à la pièce(Dialogues).
Claus Kühnl (pochette du disque Christophorus LP 73902)
Le titre "Dialogues" est très bien choisi, comme le montre la structure de la composition des trois mouvements :
Alors que dans le premier mouvement, les deux instruments sont confrontés l'un à l'autre, c'est-à-dire qu'ils sont en constante interaction (comparable en cela au concerto classique dans le sens d'une compétition entre le solo et l'orchestre), le violon et l'orgue s'unissent dans l'"Aria" pour former un mouvement artistique à trois voix selon le modèle de J.S. Bach. Le final offre aux deux instruments l'occasion de s'épanouir avec virtuosité dans de charmantes parties dialoguées. Les 1er et 3e mouvements sont directement liés par le matériau thématique commun : tierce mineure, triton, ainsi qu'un mode composé de la succession "seconde mineure - seconde majeure". Alors que dans le 1er mouvement, trois groupes de thèmes opposés sont développés à partir des intervalles de base (tierce, triton), constamment entrecoupés de parties de développement, ils servent exclusivement à la formation d'accords dans le mouvement final. Dans le troisième mouvement, ce ne sont plus des thèmes au sens habituel du terme qui déterminent l'action, mais des motifs qui ont pour base le "mode seconde mineure-majeure". Des groupes plus importants se forment en quelque sorte, composés de petits éléments. Bientôt sous forme d'insertions motrices, bientôt sous forme d'un lecteur à l'imagination presque inépuisable sous une forme toujours nouvelle, le nouveau mode est constamment présent. Dans le 1er mouvement, ce mode joue un rôle à la fois comme fondement de la basse du choral stylisé qui se trouve au centre, et comme contrepoint motivique à la constellation d'intervalles "tierce mineure", "triton". L'"Aria", le deuxième mouvement, suit ses propres lois. Sur une basse chromatique montante et descendante, le compositeur développe deux lignes - qui se correspondent dans l'enchevêtrement polyphonique - qui connaissent une intensification selon le principe de la variation, par une densification croissante.
De par sa forme, sa cohérence et sa force d'expression, c'est un chef-d'œuvre dans ce domaine de la littérature musicale où les œuvres originales sont rares.
Claus Kühnl (explications sur le programme du 13 novembre 1977)