Cinq lieder sur des poèmes de Joseph von Eichendorff pour voix moyenne et piano (op. 88b, 1987)
pour mon fils Martin
I. Aus schweren Träumen, II. Der wandernde Musikant, III. Kurze Fahrt, IV. Unfall, V. Todeslust (Envie de mourir).
L'ordre des chansons indiqué ici a été recommandé par le compositeur lors d'une exécution cyclique.
Voix moyenne, piano
Durée: 13 minutes
Martin Hummel | Ernst Ueckermann
Titre : 5 Lieder sur des textes de Jos. v. Eichendorff op. 88b - Volume : 19 pages - Datation : I. Aus schweren Träumen - / II. Chanson de randonnée 28.12.87 / III. Court voyage 23.12.87 / IV. Accident 4.1.88 7 V. Désir de mort 1.1.88 - Lieu de conservation :
Schott Music ED 20286 / ISMN : M-001-14991-4
Erreur d'impression dans cette édition :
Page 11 ("Accident"), 1ère mesure : main gauche : clé de sol au lieu de clé de fa.
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Page 17 ("Todeslust"), 4ème système, 1ère mesure : f mf au lieu de fp
Des rêves difficiles
De rêves lourds
je me suis souvent levé
et je voyais à travers les cimes des sapins
je voyais la lune passer sur un sol tranquille et je chantais
Je me suis endormi et je me suis rendormi. -
Oui, voix humaine, claire de la poitrine pieuse !
Tu es pourtant la plus puissante, et tu sais trouver la voix
la note fondamentale juste, qui résonne confusément
dans les mille voix de la nature ! -
Le musicien ambulant
Tu es parfois aussi désaccordé,
serre-toi tendrement contre mon cœur,
qu'il me coupe presque le souffle,
je te caresse et je te pince dans une douce plaisanterie,
comme une vraie porte d'amour
j'appuie doucement ma joue contre toi,
Et tu chantes à mon oreille.
Dans la cour, au son de la musique
Le chat miaule, le chien hurle et aboie,
Le voisin gronde d'un air féroce.
mais que nous importe le monde,
Doux, doux violon !
Court trajet
Cor postal, comme il est hardi et joyeux
Tu t'es levé un matin,
J'avais devant moi un air si printanier,
que je méditais en silence des chansons.
L'obscurité bruisse déjà dans la forêt,
Comme il fait frais le soir ici,
Beau-frère, sonne le tocsin - comme c'est bientôt
Nous serons aussi dans nos quartiers de nuit !
Accident
Je me suis promené un soir dans la campagne,
J'ai rencontré un petit garçon dehors,
Il a un fusil à la main
et me vise avec horreur.
Je me suis précipité, je me suis mis en colère
sur lui, à toute vitesse,
alors le petit garçon effronté se met à courir
et je tombe sur le nez.
Et lui, il me rit au nez,
qu'il m'a tiré dessus.
C'était Cupidon, le petit avorton -
Cela m'a bien ennuyé.
Désir de mort
Avant de sombrer dans les flots bleus,
Le cygne rêve encore et chante, ivre de mort ;
La terre, lasse de l'été, se fane.
laisse briller tout son feu dans les grappes ;
Le soleil, en s'enfonçant, fait des étincelles,
donne encore une fois à boire à l'ardeur de la terre,
Jusqu'à ce que, étoile après étoile, il entoure les ivrognes,
la nuit merveilleuse est levée.
Joseph von Eichendorff
Les lieder composés à l'occasion du 200e anniversaire de la naissance du poète J.v. Eichendorff (1988) représentent une tentative de retrouver à notre époque le "ton" des poèmes - non pas dans des chansons à strophes, mais dans des "scènes de chansons", de petits "drames" dans lesquels le piano caractérise de manière différenciée ce que la voix présente.
Bertold Hummel
"Aus schweren Träumen" ("De lourds rêves") figure judicieusement au début du dernier cycle de Hummel (1988) sur des poèmes de Joseph von Eichendorff, car le poète a lui aussi placé ces vers en exergue de ses"romances". Composer Eichendorff d'après Robert Schumann avait déjà représenté un défi pour Hugo Wolf. Contrairement à Schumann, il a donc mis l'accent sur le côté réaliste et humoristique d'Eichendorff. C'est également ce que fait Bertold Hummel dans"Der wandernde Musikant" (Le musicien ambulant), un délire au violon, et dans"Unfall" (Accident). Dans cette chanson, le compositeur tire de la rencontre inattendue avec Cupidon et son projectile des traits beaucoup plus grotesques que Hugo Wolf avec sa mise en musique tranquille. Les fréquents changements de mesure y contribuent, tout comme le passage souvent rapide à des positions extrêmes du piano. Mais ce n'est pas seulement la devise sérieuse qui donne la "note fondamentale droite" à ce cycle (dans les sept dernières mesures de"Aus schweren Träumen", le la est entouré par les lignes du chant et du piano, jusqu'à ce qu'il s'impose finalement comme une basse soutenue) : dans"Kurze Fahrt" et dans la"Todeslust" finale, les sentiments de fin trouvent leur forte expression. La"note fondamentale juste" (ré) de ce dernier lied - base de l'évocation de la "nuit merveilleuse" - se détache finalement du grave et s'éteint dans le médium clair d'un accord de ré majeur largement écarté. Là encore, comme la plupart des lieder de Hummel, il s'agit d'une conclusion ouverte, mais d'une triade pure.
Wolfgang Osthoff (in "Zu den Lieder Bertold Hummels", Tutzing 1998)